Interview de Nathalie Rayon, expert-comptable singulière

Épisode 3

Dans cet épisode, j’ai le plaisir de recevoir Nathalie Rayon, un expert-comptable pas comme les autres. Outre son parcours universitaire différent, Nathalie apporte une vision de son métier et de la relation client bien à elle. Elle enrichit sa démarche professionnelle de son goût pour les systèmes d’information et de sa pratique énergétique quotidienne. Un mélange singulier pour une approche singulière de l’expertise comptable !

Nathalie Rayon, une expert-comptable pas comme les autres

Marie-Laure : Alors Nathalie, tu es expert-comptable, fondatrice et présidente du cabinet NR-CO Expertise. Sur le papier, tu as un parcours assez classique ; tu as fait des études de droit, de comptabilité et de finances, tu as travaillé un peu dans l’administration pour finalement reprendre des études d’expertise comptable, être stagiaire dans différents cabinets, obtenir ton diplôme de l’ordre et, dans la foulée, créer ton propre cabinet. Sur le papier, donc, un profil d’expert-comptable classique, ou presque.

Et pourtant, les personnes qui te connaissent disent de toi que tu un drôle d’oiseau parmi les experts-comptables. Tout d’abord, il paraît que tu parles une langue que les gens comprennent sans jargon ni termes techniques imbuvables, ce qui donnerait à tes conseils une saveur toute particulière.

On rapporte aussi que tu as un côté « geek » avec un goût prononcé pour les problèmes qui font des nœuds au cerveau un humour bien à toi et un rapport passionnel avec les outils informatiques. On m’a même raconté que tu as hésité à en faire ton métier.

Il semblerait enfin que tu aies une capacité d’écoute assez exceptionnelle, empreinte de bienveillance et de dévouement et que ton devoir de conseil te mène parfois au-delà du cadre de ta mission réglementaire.

Mais ça, c’est ce qu’on m’a raconté, ce ne sont que des rumeurs. Est-ce, que tu veux nous en dire plus en quelques mots ?

Nathalie RAYON : Waouh, merci beaucoup ! C’est très satisfaisant, en vrai, d’avoir un retour pareil sur ce qu’on a pu faire et c’est sympa aussi de voir qu’il y a quelqu’un qui est capable de prendre de la hauteur sur son propre parcours, parce que c’est quelque chose de pas forcément très facile à faire.

L’expertise comptable, une vocation tardive

Mais je n’ai pas grand-chose à redire, sauf que je n’avais jamais décidé d’être expert-comptable, c’est devenu une vocation avec mes rencontres client, avec l’amour que j’ai pour ce métier maintenant, mais c’est vrai que, au départ, je voulais faire du système d’information, donc effectivement, ce n’est pas tout à fait de l’expertise-comptable.

Et puis, les choses se sont un peu enchaînées et finalement maintenant, je ne changerai pas de métier, c’est celui qui me plaît aujourd’hui et ça me va bien.

Ça me permet de faire beaucoup de missions différentes, de voir énormément de clients avec des problématiques ou des projets qui leur sont propres. Et ça, c’est un peu le cœur de mon métier et ce qui fait que je l’apprécie particulièrement, donc c’est chouette.

Marie-Laure : Alors, comme je le disais dans mon introduction, tu as décidé en 2017, de créer ton propre cabinet d’expertise comptable. Pourquoi ce choix de l’entrepreneuriat ?

Nathalie RAYON : En fait, autant que je me souvienne, j’ai toujours voulu avoir mon entreprise. Je pense que c’est un petit peu une histoire familiale parce que mon père était à son compte également.

Et j’ai toujours voulu faire quelque chose toute seule. J’ai essayé de m’associer, parce que c’était je m’étais dit quand même dit que le fait de devenir expert-comptable toute seul, ce n’était pas non plus simple.

Et puis finalement, j’ai fait le choix effectivement de créer en 2017 parce que j’avais fait le constat que ma manière de vouloir conseiller les clients et faire les choses en expertise comptable était telle, qu’il fallait que je crée ma propre voie. Elle n’a rien d’extraordinaire. J’ai des confrères et des consœurs qui sont exceptionnelles et qui travaillent tout aussi bien que moi, voire probablement mieux à leur manière.

Mais en tout cas, j’avais besoin de créer mon chemin et de faire un petit peu mes règles pour que ça puisse me correspondre au mieux et que je puisse être le plus utile possible pour le client. C’est un peu pour ça que j’ai créé NR-CO en 2017.

Toujours plus de valeur ajoutée pour le client

Marie-Laure : J’aimerais qu’on revienne sur ton activité. Tu as plusieurs activités différentes : l’activité d’expertise comptable – tu vas peut-être nous en dire quelques mots – et puis tu interviens également comme DAF externalisé. En quoi ça consiste exactement tout ça et c’est quoi la différence ?

Nathalie RAYON : Effectivement, oui, au départ, au départ, je suis expert-comptable. L’expert-comptable, outre le rôle de mission classique et réglementaire qu’on lui connaît – à savoir de faire un bilan et un compte de résultat – il y a évidemment toute la partie optimisation fiscale qui est derrière. Non, non, ne prenez pas peur, c’est aussi du temps passé à écouter le client pour essayer de finalement prendre les meilleures décisions pour l’aider dans son cheminement.

Et en fait très vite, on passe simplement le cadre réglementaire de ces fameux bilan et compte de résultat, on va plus loin. On va chercher à comprendre les chiffres, à comprendre le marché, à voir comment on peut accompagner le client pour que lui-même soit dans un climat de sérénité, de confiance, pour qu’il puisse se concentrer sur son cœur de métier et non pas sur ses fonctions-supports extrêmement importantes, mais chronophages et anxiogènes pour certains. En tout cas, ça, c’est le retour de mes clients.

Et puis, de fil en aiguille, on se rend compte que le métier de DAF est une extension du métier d’expert-comptable. On jongle avec la trésorerie, les calculs de coûts, le suivi des budgets. J’ai eu l’opportunité de rentrer dans une grosse structure en tant que DAF justement. Ça a été le début d’une aventure qui continue d’ailleurs, et c’est formidable parce que là on est vraiment au cœur des prises de décisions. J’ai la chance de faire partie aussi du comité de direction.

C’est vraiment des missions qui nous permettent de nous projeter dans de la partie industrielle – puisqu’en l’occurrence, c’est une industrie – et d’aller chercher à repousser en permanence ses limites, ses actions, remettre en question ce qu’on peut faire, ce qu’on peut apporter, la vision qu’on peut avoir.

Et puis aussi de répondre aux besoins de la direction, en l’occurrence pour pouvoir les accompagner sur tous leurs déploiements stratégiques. C’est exactement ce qui est en train de se passer là. On est sur un appel d’offres. C’est vraiment très enrichissant de pouvoir avoir ce genre de projets, choses qu’on a un petit peu moins avec l’expertise comptable.

Et le lien se fait parce qu’on se dit « finalement, ce que j’apporte là comme ça en tant que DAF, tous les chefs d’entreprise en ont besoin. »

Peut-être dans une moindre mesure, on ne va pas aller aussi loin sur certaines choses, mais ils ont besoin de cette vision à 360° et pas simplement celle qu’on peut avoir en optimisation fiscale d’un bilan.

Et du coup je me suis dit: « Voilà ça, il faut que j’arrive à le proposer autrement, différemment, mais à tous mes clients. » Et puis, petit à petit, on commence à construire des missions différentes, des choses pouvant aller d’un simple tableau de bord avec quels indicateurs que vous voulez suivre, à des moments où on va essayer de prendre de la hauteur, de faire un peu un brainstorming.

J’ai tendance à dire à un client, je vous prête un peu mon cerveau. Mon idée, c’est qu’on puisse échanger ensemble, que vous me disiez ce dont vous avez besoin et que moi, je voie comment je peux réfléchir à cette question avec vous, qu’on regarde les chiffres, la réalité un peu concrète du terrain aussi, et puis qu’on mette en place, en l’occurrence pour le cas un plan d’action sur les 10 prochains mois.

Et là, ça permettait à ce client qui avait besoin précisément de ça de repartir en étant serein, parce que parce qu’il avait besoin qu’il y ait quelqu’un qui prenne de la hauteur pour lui, et ça, ça fait partie de ce que j’aime dans ce métier-là.

Marie-Laure : Finalement le mot DAF, c’est un mot que tu as rajouté sur cette mission qui te permet d’aller plus loin que les missions réglementaires de l’expert-comptable dans le conseil en étant presque à l’intérieur de l’entreprise ?

Nathalie RAYON : Oui, c’est ça, oui. Puisque je ne sais pas si on l’a dit, mais DAF, c’est Directeur Administratif et Financier, et c’est vrai qu’il faut trouver des mots pour expliquer les choses. Ce n’est jamais simple.

Expert-comptable, ok, je suis une experte de la comptabilité. Avec ça, on va super loin, c’est extrêmement clair pour la plupart des gens, bien sûr. Et puis alors, après quand on va parler de DAF c’est pareil, c’est des mots qui ont du sens pour ceux qui sont au cœur de l’action, mais parfois un chef d’entreprise, il vous dit « DAF, quoi ? Qu’est-ce que c’est ? De quoi vous me parlez ? »

Donc il a fallu que je mette un mot, comme tu le dis, sur ce que je faisais, qui ressemblait le plus en tout cas à ce qu’on a sur le terrain.

Maintenant, j’essaie toujours de toute façon être dans l’explication de ce que je vais faire, pourquoi je le fais et finalement DAF ou pas DAF, peu importe. L’important, c’est que vous avez quelqu’un – en l’occurrence moi c’est ce que j’essaie d’apporter – qui va vous conseiller, qui sera là pour vous, de manière réactive. Avec évidemment mon équipe, parce que, sans elle je ne pourrai pas faire tout ce que je fais aujourd’hui.

La transmission et l’engagement pour l’avenir de la profession

Marie-Laure : Alors je crois que tu exerces également d’autres rôles, si je ne dis pas de bêtise, tu es intervenante dans des écoles, et tu participes à plusieurs associations. À quel besoin ça répond ?

Nathalie RAYON : Oui, je l’ai fait pendant quelques années, j’ai donné des cours à la Fac pour les élèves de troisième année en comptabilité finance. Je me disais que c’était important qu’ils puissent avoir la vision d’un professionnel de comptabilité plutôt que la vision d’un professeur sans nécessairement qu’il ait une expérience pratique.

Je n’ai pas un parcours d’expert-comptable, je n’ai pas fait des études de comptabilité, je suis arrivée après mon Master de droit, comme tu l’as très justement dit en introduction, donc finalement, je n’ai pas ces notions débit/crédit… Quand je suis arrivée le premier jour dans mon cabinet d’expertise comptable. J’en avais entendu parler, mais ça n’avait pas du tout de sens pour moi, donc j’ai appris en faisant.

Et je me suis dit « ça serait, à mon sens, super intéressant pour des étudiants d’avoir une autre approche, beaucoup plus pratique pour que peut-être, ça leur permette de comprendre que la compta, ce n’est pas un truc insurmontable. Que ce n’est pas particulièrement compliqué à partir du moment où on a une bonne dose de logique, du bon sens, qu’on est un peu curieux et qu’on se pose les bonnes questions.

Et globalement, ça se passe bien. La preuve puisque je n’ai pas un parcours classique en comptabilité et que je suis devenue expert-comptable, donc oui, avec un peu de logique, normalement ça se passe plutôt bien et c’est pour ça que je me suis tournée vers ça en me disant que ça pourrait être sympa pour eux.

Et puis j’avoue qu’en plus, le fait de transmettre et d’expliquer des notions complexes en me challengeant pour trouver des mots simples c’est quelque chose que j’aime particulièrement, donc ça faisait une pierre du coup.

Pour les autres, ça reste, malgré tout, des associations professionnelles puisque pendant longtemps – là, c’est des choses qui sont en train de changer, mais pendant longtemps – j’ai mis quand même ma vie professionnelle au cœur de ma vie tout court, donc l’équilibre n’était pas forcément présent. Par contre, c’est vrai que j’ai été très active dans une association qui s’appelle l’ANECS. Donc, c’est l’Association des Experts Comptables Stagiaires et puis dans le CJEC, qui est le Club des Jeunes Experts-Comptables avec un petit passage au national. C’était une super expérience.

Et c’est vrai que c’est ça permet de travailler ensemble, de se projeter sur l’avenir de la profession, de se dire qu’il va falloir amener quelque chose de différent. Tout en respectant évidemment les choses qui existent parce qu’elles sont très bien également.

Et de se dire : on sent que les choses sont en train de changer. Comment, moi, avec ma vision, avec mon envie, je vais pouvoir amener ma touche pour que finalement le client soit le mieux servi possible ?

Marie-Laure : Parmi les clients que tu accompagnes, les problématiques que tu adresses est-ce que tu as des spécialités, des sujets qui te tiennent particulièrement à cœur ?

C’est une bonne question, amenée comme ça. Je pense que j’aime bien quand il y a des problèmes.

Nathalie RAYON : Dès qu’il y a des questions, qui peuvent être complètement techniques, fiscales. Par exemple, le dernier cas, j’ai une cliente qui a fait une offre d’achat sur une autre entreprise. Elle m’appelle, elle me dit : « Il faut qu’on débriefe, parce que moi, j’ai jamais fait ça, faut pas que je me plante, il faut que je sache, quand est-ce qu’il faut que je parle, que je ne parle pas, parce que là, quand même, l’avocat a dit qu’il allait falloir qu’on se retrouve face à leurs conseils. Non, non, là, il faut qu’on se voie avant… »

Ça, c’est typiquement ce genre de petites situations que je trouve sympas. Le tout, c’est que ça puisse sincèrement me nourrir intellectuellement. Ça, j’en ai besoin, je suis comme ça de toute manière, donc il faut qu’il y ait cet intérêt-là.

Et puis, il faut que j’aie l’impression de servir à quelque chose. Donc quand je raccroche et que je sens que le client est soulagé et que le problème est résolu, j’ai réussi ma journée, c’est formidable.

Un côté geek et une approche innovante

Marie-Laure : Si l’on revient sur l’informatique, les systèmes d’information, les outils numériques est-ce que tu peux nous en dire plus là-dessus ? D’où ça vient, ce goût que tu as pour tout ça ?

Nathalie RAYON : Euh, je crois que ça vient de quand j’avais six ans et que je saoulais mon père, qui était informaticien, pour avoir un ordinateur. Il m’a filé un Compac 500 ou je ne sais plus quoi. Bref, une tonne de documentation de 500 pages et il m’a dit: « Tiens, tu veux faire ? Eh bien, fais ! »

Donc là, je me suis retrouvé avec un grand cd windows – ceux qui connaissent savent – des floppy disks, et puis le début de la découverte de l’informatique. Et ça, j’ai trouvé ça juste génial, ça m’a toujours plu, j’ai toujours réussi à me débrouiller. J’ai fait des incursions dans Linux, et tout ça, enfin je découvrais des trucs, c’était trop génial !

Et puis après, les études sont arrivées. Et quand je suis arrivée dans le métier d’expertise comptable, je me suis rendu compte que l’informatique, c’est ce qui a été le facilitateur dans mon métier. Quand je suis arrivée dans mon premier cabinet en tant que stagiaire, je le disais tout à l’heure, le débit/crédit, ce n’était pas clair pour moi, et c’est l’informatique qui m’a aidée. Je me suis rendue compte que c’était un soutien, une fonction support qui était fondamentale en expertise-comptable et qu’il fallait en faire une vraie force, voire une fondation du cabinet.

J’ai aussi créé à cause de ça. En 2017, je me rappelle, j’avais fait la remarque en disant : « Notre plus grand concurrent, ce n’est pas tant les confrères, c’est l’informatique. ». On m’avait un peu ri au nez à cette époque-là quand j’avais dit ça.

Et je leur avais dit : « Vous ne vous en rendez pas compte, mais les banques demain vont être capables de classer et organiser nos dépenses, les dépenses que vous avez sur votre relevé bancaire, et ça ne les empêchera pas de pouvoir commencer à faire certaines liasses fiscales – justes pas justes ce n’est pas la question – n’empêche que l’idée, elle sera là. Donc si nous, on n’arrive pas à utiliser les systèmes informatiques existants, à faire de la veille permanente pour voir les nouveautés, voir comment l’intelligence artificielle pourra impacter dans le bon sens notre profession, on est mort dans l’œuf ».

C’est pour ça que l’idée du cabinet au départ a été de dire : quoi qu’il arrive, ce sera zéro papier. En tout cas zéro papier client. Tout sera numérisé, tout sera en dématérialisation, et ça sera un des fondamentaux du cabinet.

Après effectivement, je suis toujours ouverte en permanence aux nouveaux systèmes qui peuvent émerger en ce moment. Il y a pas mal de choses nouvelles, qui amènent une autre façon de faire. Je suis bluffée par les clients aussi. On a différents types de générations de clients et ceux qui ont 25 ans aujourd’hui sont assez incroyables parce qu’ils ont une vision de mon métier, une bienveillance à l’erreur que je ne connais pas, avec les générations un peu plus âgées.

Et puis une capacité de rebondir, de s’adapter, et une appétence pour les nouveaux outils un peu ludiques, un peu sympas qui nous obligent à nous remettre en question et qui nous obligent à chercher ailleurs.

Il y en a même une, qui est arrivée avec un outil qui existait déjà. Elle me dit : « Non, non, ce n’est pas grave, toute façon, je veux travailler avec vous, donc je vais changer d’outil ». J’ai dit : « Ah! Non, mais sûrement pas, vous n’allez pas changer d’outil, c’est moi qui vais qui vais apprendre cet outil-là, parce qu’il a peut-être quelque chose qui va me permettre de progresser, au contraire, donc non, vous allez garder votre outil, et c’est moi qui vais m’adapter ».

Cet outil, je me dis avec le recul qu’il y a peut-être d’autres clients auxquels j’ai pensé ensuite, qui seraient susceptibles de l’utiliser parce que ça va leur apporter certaines réponses, ou ça va correspondre à des besoins que j’ai identifiés chez eux.

Donc l’informatique c’est un vrai support dans mon quotidien, j’essaie de me former au maximum à ce qui sort. Mais tout ça, ça demande du temps. Et puis après, il faut pouvoir le vendre, donc ça veut dire créer en permanence de nouvelles missions.

Et quand on voit la vitesse à laquelle va le progresse l’intelligence artificielle, aujourd’hui, on n’a plus le temps de penser qu’on va utiliser un nouveau système qu’il y en a déjà un nouveau qui arrive. C’est compliqué d’avoir toujours deux temps d’avance sur ça, et de se dire qu’on va offrir la meilleure qualité de service. Donc on essaie de trouver l’équilibre.

On teste, et globalement, c’est plutôt bien accueilli par les par mes clients.

Des outils comptables à l’intelligence artificielle

Marie-Laure : Et justement puisqu’on parle d’outils, est-ce que tu as des préférés ?

Nathalie RAYON : Mes outils préférés ? Mon téléphone, ça marche, ça ?

Alors, moi, j’utilise les outils de production d’un outil métier qui est assez ancien qui s’appelle ACD. Ils ont quand même réussi à toujours avoir une vision globale et assez innovante de leurs outils, compte tenu du fait qu’ils ont un certain nombre d’années derrière eux. Donc, ça permet d’avoir une sorte de gros paquebot qui avance, qui innove, mais sur lequel on peut compter en permanence.

Et puis il y a plein de petits nouveaux acteurs comme Time, comme Penny Lane dans une moindre mesure, ou comme Axonaute qui amènent une fraîcheur un peu différente. Je suis très sensible à l’expérience utilisateur, tu sais, le truc où on clique, et hop ! tout de suite tu trouves l’interaction et tu comprends l’outil. Il n’y a même pas besoin de faire des tutos parce que c’est super clair, ça j’aime bien. Et surtout les nouveaux jeunes clients, ils aiment aussi beaucoup.

Et ceux dont je viens de parler là, ils ont compris ça et ils proposent même des comptes bancaires directement dans l’outil, ce qui veut dire qu’il y a une interaction en direct. En fait, dès qu’il y a un paiement qui est fait, ça l’alimente. Sur l’outil, il suffit de scanner et de photographier le ticket ou la pièce justificative et hop, terminé, le sujet est clos, en tout cas pour l’entrepreneur. Après pour nous, il y a le back-office et derrière, il faut traiter la donnée, mais ça devient presque un jeu.

Avec des guillemets, mais ça devient ludique et pour certains clients, il faut que ce soit ludique.

Marie-Laure : D’accord. Bon, on va laisser les outils informatiques de côté. Maintenant, je voulais revenir aux mots. J’ai parcouru ton site web avant notre interview  et j’ai lu « Vos projets sont le fil rouge de nos échanges ». Qu’est-ce que ça signifie exactement pour toi ?

Nathalie RAYON : Ça veut dire qu’à l’origine il y a un projet du client et puis en fonction du projet, toute mon écoute, que ce soit la mienne d’ailleurs ou celle des personnes qui travaillent avec moi, va être tournée sur le projet.

C’est-à-dire, que si l’objectif c’est d’acheter une nouvelle boîte, le déroulement de nos conversations, l’orientation de nos échanges, de nos projets, vont être complètement différents que si l’objectif est de développer à mort l’activité.

Donc c’est vraiment ça, c’est le client qui va décider au travers de son objectif, de la manière dont on va amener les choses. Évidemment, on ne va pas pouvoir transformer la comptabilité en fonction du projet, parce que ça reste quelque chose de légal et qu’il faut suivre des règles, il faut les appliquer, il n’y a pas de sujet là-dessus. Par contre, il y a une manière de voir les choses : on fait un pas de côté et on va l’orienter selon la lunette client et selon le projet du client.

De toute façon, si on ne peut pas communiquer avec le client, si on ne sait pas ce qu’il veut, si on ne sait pas où il veut aller, en fait, on ne sert à rien. Enfin, on est juste des prestataires de service pour faire du chiffre et ça, ce n’est clairement pas l’objectif de NR-CO.

Des mots forts décrire pour une démarche professionnelle unique

Marie-Laure : On va continuer avec les mots parce que tu sais que j’ai un intérêt certain pour les mots. Donc je voulais te demander quels sont tes mots essentiels, tu peux m’en donner trois quatre cinq – soyons fous – qui représentent ton approche, tes valeurs.

Nathalie RAYON : Comme ça là ? À chaud ?

Alors l’écoute, ça forcément.

L’exigence aussi parce que ça, c’est quelque chose qui a un bon leitmotiv chez moi.

La réactivité, tant que faire se peut, hein, on ne fait pas d’opérations à cœur ouvert non plus, mais c’est important aussi.

L’éthique, parce que pour moi ça fait partie de mes valeurs de vie, tout court, donc forcément.

Et la transmission. C’est important que je puisse transmettre, autant au client qu’aux personnes qui travaillent avec moi, qu’aux élèves, peu importe, mais ça, pour moi, c’est important.

Dur de recruter quand on a une approche différente ?

Marie-Laure : À l’heure où on enregistre ce podcast, c’est la fin de l’été, c’est la rentrée. Est-ce que tu as une actualité particulière dont tu souhaites nous faire part ?

Nathalie RAYON : Le cabinet s’agrandit !

Quand on crée une structure centrée sur des valeurs personnelles qui nous sont chères et qu’on n’est pas une boîte du 15 ou 20 personnes, c’est extrêmement important d’être bien entouré et de trouver les personnes qui correspondent à ces valeurs-là, de manière concrète et positive. Et qu’on aille ensemble dans le bon sens et dans la bonne direction.

J’ai mis du temps à trouver ces personnes-là puisque ça a duré plus d’un an là où des personnes se sont succédé au cabinet, et ça ne l’a pas fait. Pas parce que ces personnes n’étaient pas compétentes ou n’avaient pas de bonnes qualités, mais en tout cas, ça ne correspondait pas à l’état d’esprit de NR-CO.

Et là, je pense que j’ai quelque chose de pas mal, donc ça, c’est hyper plaisant. Et très apaisant parce qu’enfin on se dit que si on peut commencer à compter sur les personnes qui travaillent avec nous, on ira forcément plus loin ensemble et ça permettra enfin de pouvoir toucher les projets qu’on a pu mettre de côté. Parce que, à un moment donné, quand ça ne va pas au sein de l’équipe, c’est moi qui pallie les manques ou les besoins. Donc ça fait que je me retrouve vite chargée au niveau des heures de travail, et finalement on ne fait pas forcément ce qu’on avait prévu au niveau stratégique.

Donc voilà, première actualité : le cabinet s’agrandit et, a priori, s’agrandit dans le bon sens et c’est une super satisfaction.

Et puis, et puis je dirais qu’à titre personnel aussi, c’est important de se faire accompagner. Autant j’accompagne mes clients, autant je suis très consciente qu’il faut que moi-même je me fasse accompagner, parce que finalement la capacité de prendre de la hauteur sur ses propres objectifs et sur sa propre société, c’est quelque chose de pas facile du tout.

Donc c’est un peu ça aussi, l’actualité de la rentrée. C’est que j’ai décidé de me faire accompagner par une personne spécialisée justement dans tout ce qui est management, stratégie des organisations de manière générale.

Et ce sont à chaque fois des séances qui amènent des réflexions stratégiques ou de développement sur la pour aller plus loin encore. Donc ça, c’est top. J’ai un peu hâte de voir la suite. C’est beaucoup de boulot, évidemment, mais ça permet de trouver le bon équilibre.

La place de la pratique énergétique dans le cadre professionnel

Marie-Laure : J’ai une dernière question avant d’arriver à la fin de cet entretien. Je crois savoir que tu t’intéresses à l’énergétique et que tu es assez sensible à cette dimension. Est-ce que cette sensibilité a une influence sur la manière dont tu pratiques ton métier ?

Nathalie RAYON : Oh que oui !

Oui, bien sûr. Après, il faut remettre dans le contexte ce que ça veut dire énergétique parce que ça peut prendre des sens bien différents.

L’idée, à un moment donné – je parlais d’équilibre juste avant – c’est de trouver le bon équilibre pro/perso et sincèrement ces dernières années ça a été quelque chose d’extrêmement compliqué pour moi. Et puis de toute façon je pense que ça l’est pour plus ou moins tout le monde à partir du moment où on se rend compte qu’on a de vieilles casseroles qui traînent et qu’à un moment il va falloir les gérer.

Quand on commence à se poser, à prendre de la hauteur sur soi, à réfléchir, à se dire comment je peux être calme et détendue le plus possible et qu’on y arrive, ça a un effet sur le contact client, sur la relation client, sur la réponse aux besoins du client.

Et c’est clair qu’il y a des entretiens que j’ai mené rien que cette semaine qui sont le reflet de toute ma pratique antérieure et actuelle que je n’aurais pas du tout pu mener de la même manière, il y a un an.

Je pense que ça m’apporte beaucoup, ça me permet de gérer le côté émotionnel. Quand je parle d’émotion, c’est : le regard des autres, j’ai confiance ou je n’ai pas confiance en ce que je fais, est-ce que je suis légitime ou pas, etc. Ça, ce sont des questions que je ne me pose plus du tout.

Mais que je me posais quand j’ai créé en 2017. Imagine, je venais sortir de, certes plus de huit ans d’expérience en cabinet, mais quelle légitimité j’avais moi, mis à part d’être diplômée, de m’installer comme ça toute seule, en partant de rien, puisque je n’ai pas racheté de clientèle ?

Et donc ça, ça n’a pas été simple du tout, et le fait effectivement, de travailler le côté énergétique des choses, de canaliser mon stress, mes tensions, mes « casseroles » sans être dans le mélodramatique, mais de ce que j’ai pu subir dans mon enfance, etc. Ça m’a permis de résoudre beaucoup de problèmes et d’être de plus en plus épanouie. Et là, je pense qu’aujourd’hui, je tends vers un équilibre qui me correspond de plus en plus. Et le résultat est que, en fait c’est le paradoxe, mais plus j’arrive à trouver cet équilibre et cette paix intérieure, plus les clients viennent, plus je fais de magnifiques rencontres avec des dossiers qui sont plus qu’intéressants.

Donc, je me dis qu’il serait carrément idiot d’arrêter et c’est pour ça que j’en ai fait une pratique quotidienne. C’est ça qui me permet de pouvoir accomplir ce que je peux faire aujourd’hui.

C’est quelque chose qui s’est un peu révélé à moi il y a huit ans et ça n’a pas été facile parce que ça m’a vraiment bousculée à ce moment-là. C’est-à-dire, vous prenez un raz de marée dans la g***e et tout ce que vous pensiez être acquis est ainsi balayé d’un revers de main et vous devez globalement tout reconstruire, donc il faut être bien accroché.

Et puis finalement avec un peu de recul, si c’était à refaire, je le referais vu ce que ça m’apporte aujourd’hui.

Ce que je trouve le plus dommage, c’est qu’on n’apprenne pas ça aux enfants, à l’école. Qu’on ne leur apprenne pas à se découvrir eux-mêmes, à découvrir leurs émotions, leurs sensations, leurs ressentis, à trouver ce qui est normal de ce qui ne l’est pas pour leur permettre d’être serein face à la société actuelle, qui n’est quand même pas très simple à gérer aujourd’hui.

Le conseil de Nathalie Rayon

Marie-Laure : Nathalie Rayon, merci beaucoup pour cet échange. Tu sais que ça me tenait à cœur de te recevoir dans ce podcast. Donc je suis ravie qu’on ait pu avoir cet échange, je vais te laisser conclure cet entretien avec le mot de la fin, donc ton mot de la fin.

Nathalie RAYON : Merci beaucoup pour ton temps et tes mots, également parce que je sais à quel point ils sont importants. Le mot de la fin, je n’ai pas grand-chose à dire, sauf peut-être : Croyez en vous, en vos projets et ne laissez personne, les remettre en question. Et foncez !

Retrouvez l’activité Nathalie Rayon sur son site internet.

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